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Sophie

 

échographie de Sophie

3.4.1981

Bonjour à tous

Je me nomme France, je suis de Québec, j'ai 44ans, je suis mariée depuis 23 ans.

J'aimerais partager avec vous mon témoignage, car je suis certaine que cela aidera un jour une personne qui a du passer par cette dure épreuve. Moi cela m'a aidé de lire les témoignages des gens qui on écrit sur ce site.

Je remercie du fond du coeur Monika, c'est grâce à elle que j'ai pu avoir des informations sur les enfants atteint d'anencéphalie. Quand j'ai accouché de mon petit ange Sophie le 03 avril 1981, personne n'a pris le temps de m'expliquer. La seule chose que je savais, c'est que je donnerais la vie à un enfant atteint d'anencéphalie (pas de cerveau). Et que je devais me faire à l'idée que je ne sortirais pas de l'hôpital avec mon bébé dans les bras.

Mon médecin m'a dit, qu'en 13 ans de médecine, il n'avait pas vue de femme accoucher à terme d'un bébé atteint d'anencéphalie.

Je ne comprenais rien, car j'avais déjà une petite fille de 10 mois en santé et normale quand je suis tombée enceinte à nouveau. Je voulais avoir mes enfants jeune. J'avais 22 ans et j'attendais mon 2e enfant. J'étais heureuse.

Ma grossesse c'est bien déroulée, tout comme ma première, sauf qu'à mon 6e mois, mon médecin se posait des questions. Je me doutais bien qu'il y avait quelque chose de pas normal d'après les réactions de mon médecin, mais je crois que je ne voulais rien demander, j'avais peur de la réponse.

Je suis allée voir un gynécologue, et c'est lui qui m'a appris froidement et durement, que mon bébé était atteint d'anencéphalie. Il m'a montré l'échographie et m'a expliqué que la tête n'avait pas la taille normale. Je restais dans mon coin et je pleurais sans dire un mot. Je regardais le plancher, je regardais mon mari. La seule chose qui m'a fait quitter du regard le plancher, c'est quand le gynécologue m'a informé que si je voulais, je pouvais mettre un terme à ma grossesse.

Je me disais: "Ce n'est pas possible, il se trompe." Sophie bougeait beaucoup elle sentait sûrement mes émotions. J'étais une femme démolie. Comment peut-on mettre fin à la vie d'un enfant qui bouge? Je l'ai regardé et il a baissé les yeux. Il savait ma réponse sans que je ne dise un mot. Il a ajouté: "Je vais vous suivre, revenez me voir."

Je le détestais. Je sais qu'avec le temps, qu'il a fait son possible et que c'est dur d'annoncer des choses comme cela. Mais j'espère que les méthodes ont changé, car je sentais que je n'avais pas dit la bonne réponse pour lui (je veux continuer ma grossesse). Quand j'ai quitté son bureau, je voulais poursuivre ma grossesse avec mon médecin de famille. Je me sentais mieux avec lui.

Dans l'auto on a pleuré. Je me souviens, il pleuvait très fort et mon mari avait de la misère à voir.

Rendus à la maison, mon mari m'a pris dans ses bras et m'a dit: "Je suis avec toi dans ta décision." Je suis retournée voir mon médecin pour les testes normal et j'ai reçue encore un autre choc. Il m'a dit gentiment, doucement: "France, si jamais tu as des contractions ou si le bébé ne bouge pas pendant 12 heures, il fait que tu ailles à l'hôpital. Il se peut que le bébé soit mort. C'est rare que les femmes accouchent à terme." A partir du moment, ou il avait dit cela, j'étais encore plus à l'écoute de mon bébé. Je me réveillais la nuit pour vérifier s'il bougeait.

Deux fois mon bébé n'as pas bougé pendant presque 10 heures, et deux fois nous étions en route pour l'hôpital. Mais en chemin elle a bougé. Oufff! Alors, je revenais heureuse à la maison en me disant: "Ils se sont trompés. Je vais avoir cette enfant-là en santé, et elle seras la plus belle de la pouponnière."

Plus les semaines passaient, plus j'étais sure que le verdict était faux. Mais le 03 avril 1981, à 39 semaine et demi de grossesse, à 4 heures de la nuit, mes eaux ont crevé et je perdais du sang. Alors j'ai appelé mon médecin et il m'a dit d'aller à l'hôpital, qu'il serait là. J'ai pris le plus beau pyjama de bébé et j'ai fait sa valise. J'étais sure de sortir avec lui ou elle.

Arrivée à l'hôpital, l'infirmière me faisait un toucher vaginal. Elle entrait ses doigts et disait: "C'est quoi cela?" Elle n'aurait rien du dire, car elle m'a fait peur. Elle touchait à ses pieds. Mon col d'utérus était déjà dilaté de 8 cm, il fallait faire vite. Elle a parlé avec mon médecin qui est venu vérifier et il m'a expliqué que le bébé arrivait par les pieds et qu'il devait faire une césarienne. Mais il a changé d'avis à la dernière minute. J'accoucherai naturellement, mais mon mari devrait quitter la pièce au moment ou la tête commencera à sortir. Le médecin voulait m'endormir à cet instant. Mon mari avait accepté. J'ai poussé deux fois, mais a cause du ventre de Sophie rien ne sortait. C'est alors que mon médecin a coupé encore plus et a tiré sur ses jambes. Je me souviens que mon mari a crié: "Ce n'est pas humain, vous allez lui casser les jambes!" Mon médecin a dit à mon mari de quitter la chambre s.v.p, mais j'ai serré sa main. Il lui a répondu: "Je suis ici et je reste ici." J'ai eu juste le temps de dire: "Je ne veux pas qu'il sorte", que l'anesthésiste m'a endormi.

Mais j'ai eu le temps d'entendre des sons, une infirmière a pleuré, j'ai crue entendre mon bébé pleurer. Quand j'ai ouvert les yeux quelques minutes après, mon mari avait les yeux plein d'eau, il serrait ma main il m'a dit: "C'est une fille."

Les gens se déplaçaient très vite au tour de moi. J'ai demandé à voir mon bébé. Personne ne m'a répondu. J'ai levé la tête et il partait avec. J'ai supplié de me la montrer, mais on m'a donné un calment et j'ai dormis.

Le lendemain de mon accouchement, la seule chose à laquelle j'ai pensé, c'était d'aller voir à la pouponnière pour voir si je la verrais. On m'a reconnu et on m'a dit elle était dans une isolette Je voulais la voir, la serrer, lui dire que je l'aimais, lui dire... Mais pour mon bien, ils ont dit NON. J'ai pleuré toutes les larmes de mes yeux et je suis sortie.

Deux jours après je suis revenue chez moi. J'étais une femme démolie. Quel chance que ma petite de 19 mois était là. Je ne pouvais plus entendre pleurer les autres bébés à l'hôpital, de voir les mères se promener avec leurs visites en riant, en disant: "Qu'il est beau!" ou: "Qu'elle est belle!", car on m'avait laissé sur leur étage.

Les infirmières ont été superbes. J'ai même dit à la garde en chef qui était venue me voir avant que je ne les quitte: "JE VAIS REVENIR l'année prochaine mais je vais sortir avec mon bébé dans les bras!", elle m'a souri.

Le 21 avril 1982 j'ai accouché d'une jolie petite fille de 6 livres 9 onze normal et en santé. Quand la garde en chef est entré dans ma chambre elle m'a dit: "Je savais que vous reviendrez nous voir. Mais pas aussi vite! Mais je suis contente de vous revoir."

J'ai écrit une lettre à mon petit ange Sophie. Mais avant je voulais remercier la personne au grand coeur qui à pensée a faire se site. Cela m'a fait un très grand bien je sais que cela c'est passé plusieurs années mais j'aurais aimé pouvoir parler à des gens comme vous. Je sais à quel point cela vous fait mal. Parlez-en le plus souvent que vous pouvez. Le serrement au coeur restera, il vous manquera toujours une personne précieuse dans votre famille. Mais vous aiderez d'autres gens qui on mal et qui se sentent bien seul.

MERCI de m'avoir lu,
France, écrit le 16 avril 2002

Sophie mon petit ange.
Je me souviendrais longtemps du jour où j'ai appris que tu vivais en moi.
Tu venais prendre ta place dans notre nid d'amour.
Ta chambre était prête.
J'avais plein d'amour à te donner.
J'avais choisi ton nom (Sophie).
Ton père et ta petite soeur t'attendaient avec impatience.
Tu bougeais souvent pour me faire signe que tu avait hâte toi aussi.
Mais le 03 avril 1981,
Je n'ai pas eu le temps de te voir.
Ni de te serrer dans mes bras.
Pas eu le temps de t'embrasser.
Ni de te dire que je t'aimais déjà.
Seul ton père a eu le temps de te voir dans ta petite couverture blanche.
Pourtant tu voulais vivre car tu t'es battue pour vivre en moi 9 mois.
Tu étais si pressé d'arriver que tu es arrivé par les pieds.
Mais tu es repartie si vite avec mon amour et mes larmes.
Le seul souvenir de ta présence
C'est ton bracelet d'hôpital et mon échographie que je garde précieusement.

Ta maman qui ne t'oubliera jamais mon petit ange.

 

 

Dernière mise à jour de cette page: 22.03.2021